Comme on le voit sur Financial Post (en anglais) le 25 août 2024.
Le groupe de musique pop britannique Dead or Alive a connu un énorme succès au milieu des années 80 avec sa chanson « You Spin Me Round (Like a Record) » sur son album « Youthquake ». C’est une chanson fort entraînante. Or, dans le monde du placement de ce côté-ci de l’océan, on assiste à un autre effet d’entraînement : un renouvellement d’intérêt pour les actions à petite capitalisation. Elles aussi font tourner les têtes dans ce « comeback » fort attendu des capitaux et de l’engouement.
Après avoir affiché un cumul annuel nul, l’indice Russell 2000 révélait une hausse de plus de 12 % à la fin juillet. Cet indice suit environ 2000 sociétés parmi les plus petites du marché américain. Au Canada, l’indice à petite capitalisation S&P/TSX regroupe pour sa part 246 petites entreprises. À l’instar de tous les indices, y compris le S&P 500, ces deux indices sont un fourre-tout de composantes de divers niveaux de rentabilité et de qualité (ou absence de qualité). Les études ont démontré que seul un petit pourcentage de sociétés produisent une majorité des rendements à long terme. Au Canada par exemple, seulement 21 sociétés ont dégagé plus de 64 % du rendement net entre janvier 1990 et décembre 2022.
En raison de la grande divergence sur le plan de la qualité et de la rentabilité des petites entreprises cotées en bourse, ce secteur présente un bassin d’occasions moins efficaces que celui des grandes entreprises. Par conséquent, les investisseurs qui ne font que suivre la tendance du moment (momo, ou momentum) doivent également savoir qu’ils achètent plusieurs entreprises sans bénéfices, ce qui accroît potentiellement la volatilité et les risques.
Toutefois, un vent arrière visiblement favorable souffle pour les sélectionneurs d’actions. Avec les réductions de taux au Canada et les prévisions de réductions en septembre aux États-Unis, les plus petites entreprises (souvent considérées comme étant cycliques et plus risquées) commencent à s’éveiller de leur longue sieste. Comparativement aux sociétés à grande et méga capitalisation, les petites entreprises se trouvent toujours en territoire bon marché, comme en témoigne l’indice à petite capitalisation TSX qui se négocie à environ 10 fois le ratio cours/bénéfice prévisionnel tandis que l’indice S&P/TSX se négocie à près de 14 fois ce ratio. Un retour vers la moyenne leur donnerait un bon petit coup de pouce. Un changement dans le régime de taux d’intérêt contribuera également à soulager les bilans des petites entreprises qui dépendent davantage des prêts à taux variables ou à court terme et qui ont été disproportionnellement malmenées par la hausse rapide des taux d’intérêt et par la réduction de l’influx en capitaux au cours des dernières années. Par exemple, 30 % de la dette des entreprises composant l’indice Russell 2000 est assortie d’un taux variable, comparativement à seulement 6 % pour les entreprises de l’indice S&P 500.
Difficile également de tourner le dos aux valorisations attrayantes de ces entreprises. À cet égard, elles attirent l’attention des sociétés de capital-investissement et de capital-risque, lesquelles ont à disposition des réserves liquides records de 2,62 milliards $ US qui attendent d’être déployées dans ce qui devrait être une séance de magasinage plutôt frénétique. Au seuil du deuxième trimestre, certaines acquisitions de haut profil ont déjà eu lieu, y compris celles de Copperleaf Technologies, Nuvei, Héroux Devtek et Sleep Country Canada, entre autres.
De plus, les cours actuels tiennent compte d’une marge de sécurité, ce qui devrait susciter l’intérêt des investisseurs de valeur. Lors de la plus récente réunion annuelle de Berkshire Hathaway, Warren Buffett (dont le bras droit et probable successeur, Greg Abel, est canadien), a dit aux participants :
« Nous n’avons aucun inconfort ou malaise à investir au Canada. Nous n’avons aucun « blocage mental » à l’égard de ce pays. Et bien sûr, il y a plusieurs pays que nous ne comprenons pas du tout. »
Nous sommes d’accord avec MM. Buffett et Abel. Aucun obstacle, mental ou autre, n’entrave notre intérêt dans les entreprises canadiennes qui demeurent, à notre avis, bien placées pour prendre leur envol. Même avec les avancées récentes de leur prix, les valorisations sont encore fort attrayantes sur le plan relatif et absolu. Plutôt que d’envisager les petites entreprises comme des placements tactiques à court terme, on gagnerait à considérer les plus petites sociétés de grande qualité comme d’excellents ajouts à long terme dans un portefeuille – pourvu que l’investisseur soit en mesure d’accepter une certaine dose de volatilité à court terme. À la lumière de la rapidité avec laquelle le marché des petites sociétés se déplace parfois, il est important de posséder une participation dans cette catégorie d’actif afin de vraiment prendre part aux rendements à long terme qu’elle offre.
Même si les dernières années ont été difficiles pour ce groupe, elles ont permis aux investisseurs de positionner leurs portefeuilles de façon à privilégier les sociétés de grande qualité qui se négocient à prix raisonnables. Bien que Berkshire soit, en raison d’exigences liquides, limitées aux très grandes entreprises du Canada, les investisseurs au pays, eux, peuvent se prévaloir d’une approche beaucoup plus souple et allouer une part significative de leurs avoirs à une sélection triée sur le volet de petites entreprises de grande qualité.
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