Deep survival (survie intense) : la morale de cette histoire pour les investisseurs

Septembre 26, 2022
Rédigé par Felix Narhi
Deep survival (survie intense) : la morale de cette histoire pour les investisseurs

Au crépuscule d’une des années boursières les plus tumultueuses qu’il m’ait été de vivre dans ma carrière, j’ai décidé de me replonger dans la lecture de Deep Survival : Who Lives, Who Dies, and Why. Écrit par Laurence Gonzales, ce livre s’appuie sur le vécu de son père qui fut pilote d’un bombardier B17 abattu pendant la Deuxième Guerre mondiale. Cet ouvrage figure en outre parmi les favoris incontestés des directeurs financiers et investisseurs.

Et voici pourquoi. Cette lecture absolument palpitante qui relate des histoires de survie incroyables – écrasements d’avion, mésaventures en montagne, personnes perdues en mer et désastres de randonnées – recense également les traits de caractère, les tempéraments et les gestes posés qui différencient souvent les survivants du commun des mortels. Or, il m’arrive souvent de penser à ce genre de choses, tant à titre de responsable du capital qui m’a été confié par d’autres qu’en qualité d’investisseur. 

Il va sans dire que les lecteurs, pour la plupart, ne sont pas des pilotes d’avions de chasse, mais il est probablement raisonnable de s’attendre à ce qu’un grand nombre d’entre vous ait fait un peu de randonnée en montagne, particulièrement si, comme moi, vous habitez dans l’Ouest canadien. Un jour en 1998, Ken Killip, robuste pompier plein de vigueur, a décidé d’aller faire une randonnée de trois jours en compagnie d’un ami dans le parc national des Rocheuses. M. Killip marchait un peu plus lentement que son ami York. À un certain moment, York, qui avait le compas, en a eu marre de toujours l’attendre et a poursuivi sa randonnée seul. Comme York connaissait le parcours, M. Killip n’avait pas pris le temps de mémoriser mentalement leur trajet. En effet, il s’était dit qu’il n’aurait qu’à suivre York pour arriver à destination où il trouverait de l’eau fraîche pour remplir ses cantines vides et établir un camp.

M. Killip a commencé à grimper une pente à pic afin d’essayer de trouver les points de repère dont York avait parlé; or, lorsqu’il est arrivé en haut, il n’a vu aucun de ces repères. Le soleil était sur le point de se coucher et la température baissait à vue d’œil. À la place de revenir sur ses pas, il a continué à avancer dans la forêt, maintenant dans l’obscurité totale. Au matin, de plus en plus pris de panique, il a décidé de gravir un mont afin d’avoir une meilleure vue de la région. Pendant son ascension, il a glissé et s’est gravement blessé à la jambe et à l’épaule. Épuisé, hypothermique, très déshydraté et affamé, M. Killip a utilisé son bras encore intact pour se tenir à un tronc d’arbre sur le bord de la pente et s’est endormi. Est-ce que j’ai oublié de mentionner sa rencontre avec un ours? Comment un randonneur en si bonne santé et aussi athlétique a-t-il périclité de la sorte?

Au cas où vous souhaiteriez le savoir, M. Killip a survécu, mais seulement après avoir changé sa façon de penser pour accéder à ses connaissances sur la survie en montagne, comme allumer un feu par exemple. À partir de là, il a été en mesure de corriger le tir. Bon nombre de personnes dans une situation comparable ne seraient pas parvenues à s’en sortir; elles auraient plutôt eu tendance à demeurer passives, accrochées au filet de « l’espoir ». Cet ouvrage regorge d’excellents points à retenir afin d’éviter de perdre son chemin – que vous soyez en train de faire une randonnée ou que vous investissiez en période difficile. Une des choses communes à toutes les aventures présentées dans le livre : il n’est pas toujours évident de savoir qui survivra.

Même si l’on ne veut pas toujours l’admettre, nos émotions influencent un grand nombre de nos actions. L’idée de pouvoir faire fi des émotions humaines pour devenir un meilleur investisseur est tout simplement mal avisée, pour ne pas dire impossible et farfelue. Après tout, les émotions peuvent aider autant qu’elles peuvent nuire – selon la façon dont nous les utilisons.

Les quatre phases du cycle émotionnel des investisseurs ressemblent à ceci : optimisme, anxiété, panique et retour à l’optimisme. C’est ce qui est arrivé à M. Killip également.

Enthousiasme et optimisme

Au début de son périple, M. Killip bouillonnait d’enthousiasme et d’optimisme, tout comme les investisseurs qui se laissent emporter par les vagues boursières qui déferlent en période haussière.

Anxiété et déni

Lorsque l’obscurité s’est installée, l’anxiété de M. Killip s’est accrue, mais il a refusé de croire qu’il était vraiment perdu et qu’il devait prendre certaines précautions. Cette situation est comparable aux investisseurs qui ont profité de la hausse des cours sur une période de 11 ans, mais qui refusent de croire, malgré quelques soubresauts d’anxiété ici et là, qu’il y a bel et bien une correction, préférant s’imaginer que « cette fois sera vraiment différente » et que les arbres continueront de croître jusqu’au firmament.

Panique

Comme M, Killip, quand les choses commencent à mal tourner, la panique peut nous désorienter et nous faire courir des risques indus, comme attaquer un ours! Pour les investisseurs, cela pourrait se traduire par une suite d’erreurs, toujours plus grandes. Par exemple, lorsque York n’était plus visible, M. Killip aurait pu rester sur place et attendre que York retrace ses pas et le trouve. À la place de trébucher dans une forêt obscure, M. Killip aurait pu se faire un feu, non seulement pour empêcher l’hypothermie, mais également pour qu’on le retrouve plus facilement. Malheureusement, dans sa détresse émotionnelle, il n’a posé aucun de ces gestes et a transformé une situation fâcheuse en situation désastreuse. Au moment où M. Killip s’est effondré, épuisé et affamé à flanc de montagne, accroché à un arbre pour éviter de rouler en bas, il avait essentiellement capitulé.

Lorsqu’on perd de l’argent et qu’on est pris d’angoisse, les mêmes facteurs entrent souvent en jeu. L’analogie pourrait viser ces investisseurs ou gestionnaires d’entreprises qui espèrent que la Fed réduira ses taux (une éventualité sur laquelle ils n’ont aucun contrôle) pour venir les sortir d’affaires. Ils arrêtent incidemment de se pencher sur ce qu’ils peuvent maîtriser pour se sauver (réduire les coûts si l’argent fuit à toute vitesse et qu’ils n’ont plus facilement accès à des liquidités). Toute entreprise vivra des hauts et des bas. Si les entreprises dans lesquelles nous investissons ne regardent pas la réalité en face et risquent de se perdre complètement parce qu’elles refusent de changer de cap, nous devons alors effectuer des changements au portefeuille.

Une des règles d’or de la randonnée consiste à ne pas y aller en solo. Je crois que ce crédo convient à l’investissement également. Ce n’est pas pour rien que les sociétés de gestion du capital qui remportent du succès opèrent avec des équipes de placement. Un regroupement diversifié de gestionnaires de portefeuille hautement compétents qui se rencontrent et discutent des stratégies tend à réduire les risques, notamment que les émotions d’une seule personne prennent le dessus. De nos jours, il y a un engouement certain pour le placement amateur et l’obtention d’idées de placement dans des clavardoirs. Malheureusement, cela risque d’entraîner un phénomène de « pensée de groupe » et parfois de « panique de groupe » aussi. Quoi de plus facile à l’heure actuelle que de se sentir perdu. Je ne me lancerais jamais seul sur les sentiers pour une longue randonnée – et je n’investirais jamais de cette façon-là non plus.

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