Comme on le voit sur Financial Post – 25 octobre 2023
Après avoir réalisé quelques bons coups en investissant dans des titres à petite capitalisation, j’ai de plus en plus envie d’ajouter ce type de placement à mon portefeuille. Peu d’analystes boursiers se penchent sur ces titres, alors comment savoir dans quoi je m’engage? Quel rôle devraient jouer les sociétés à petite capitalisation dans mon portefeuille d’investissement? Pendant combien de temps doit-on habituellement conserver ces titres? Comment vais-je savoir que c’est le moment de vendre? Finalement, comme l’inflation est très élevée, est-ce judicieux d’en acheter maintenant? — Ava D.
Les titres des petites entreprises sont les héros méconnus des rendements dans un portefeuille. En effet, il leur arrive souvent de valoir plus que leur pesant d’or, c’est-à-dire plus que leur capitalisation boursière. Il n’a pas échappé à l’attention des investisseurs qu’en date de juin, les actions de sept grandes entreprises américaines ont rapporté à elles seules le plus clair des rendements du S&P 500. Ce genre de domination restreinte, où une poignée de titres populaires attirent un montant démesuré de capital, signifie que le reste des entreprises cotées en bourse sont laissées pour compte — et aucun autre sous-secteur n’a été aussi ignoré que celui des petites entreprises. En fait, il y a fort longtemps que ces actifs ont été aussi peu recherchés.
À titre de comparaison, le ratio cours-bénéfice projeté du S&P 500 est de 18,5 tandis que celui du S&P 600 (des titres à petite capitalisation) est de 13,2. Cette énorme différence est d’autant plus remarquable que, historiquement, les actions des petites entreprises ont toujours joui d’une prime de valeur supérieure à celles des grandes entreprises. Se pourrait-il que les petites capitalisations deviennent bientôt encore moins populaires? C’est possible. Mais si l’histoire nous a enseigné quelque chose, c’est que lorsque les marchés reviennent à leur cours moyen, les petites entreprises de qualité qui sont cotées en bourse se comportent comme des ressorts qui se détendent et livrent parfois des rendements impressionnants.
Vous avez raison de dire que les sociétés à petite capitalisation sont loin de recevoir autant d’attention que celles à grande capitalisation. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Le fait qu’il existe assez peu d’analyses et de projections quant à leur prix explique pourquoi il y a parfois un grand décalage entre la valeur de l’entreprise et son prix en cours. Les investisseurs avisés peuvent potentiellement tirer avantage de ce décalage lorsque l’écart de valeur se referme. Il importe cependant d’établir une distinction entre les entreprises à petite capitalisation, à nanocapitalisation et à microcapitalisation. Selon la classification de l’indice S&P Dow Jones, au Canada, les petites entreprises ont une capitalisation boursière oscillant entre 25 millions $ et 2,5 milliards $. Aux États-Unis, elles peuvent valoir jusqu’à 4,6 milliards $ US. En EAEO et sur les marchés émergents, elles peuvent atteindre 8,5 milliards $ US et 10,5 milliards $ US respectivement.
Contrairement à la croyance populaire, les petites entreprises ne sont pas toujours de jeunes entreprises qui n’ont pas encore fait leurs preuves. Nombre d’entre elles sont des sociétés bien établies, avec un bon bilan, reconnues pour croître régulièrement et redonner de l’argent à leurs actionnaires sous la forme de dividendes ou de rachat de leurs parts. Cependant, comme on en parle peu, l’investisseur moyen a plus de mal à repérer les petites entreprises de qualité, comparativement à celles à grande capitalisation. Un certain nombre de gestionnaires de fonds sont spécialisés en petite capitalisation, tant nationale qu’internationale. L’investisseur qui fait cavalier seul aurait intérêt à confier cet aspect de son portefeuille aux spécialistes.
Quant au rôle que devraient jouer les petites entreprises dans votre portefeuille, de nombreux avantages avérés justifient qu’on leur fasse une place :
- Premièrement, elles apportent de la diversification. Un portefeuille bien diversifié réduit les risques et la volatilité et optimise l’équilibre entre le risque et le rendement.
- Historiquement, les petites sociétés font mieux à long terme que les grandes, et elles peuvent de ce fait améliorer le rendement total.
- Souvent, les petites entreprises sont surtout actives à l’intérieur du pays. En période inflationniste, elles sont davantage en mesure de hausser leurs prix afin de préserver leur marge de profit.
- Les enjeux géopolitiques actuels de conflit international et la tendance à rapatrier la production chez soi peuvent s’avérer profitables pour les entreprises nationales, car elles seront moins soumises à la concurrence mondiale.
- Les petites entreprises peuvent devenir des cibles d’acquisition pour des sociétés plus importantes, et offrir ainsi à leurs porteurs de parts une stratégie de sortie rentable.
Vous nous demandez pendant combien de temps il convient de conserver un titre à petite capitalisation. Honnêtement, cela dépend. Par exemple, on peut vouloir vendre une position quand l’entreprise subit un changement important qui réduit ses perspectives d’avenir, ou quand on trouve une meilleure occasion de faire profiter son capital. De par leur nature même, les petites sociétés sont moins liquides que les plus grandes qui négocient des millions de parts chaque jour. Cette carence en liquidités peut compliquer la stratégie de sortie. Les investisseurs doivent se montrer patients et attentifs aux écarts entre le prix de l’offre et celui de la demande. C’est pourquoi il est recommandé d’effectuer le moins de transactions possible quand on investit dans les petites entreprises.
Pour l’investisseur moyen qui cherche à accroître son patrimoine à plus long terme, il est approprié d’allouer de 5 à 10 % de son portefeuille à une stratégie axée sur les sociétés à petite capitalisation. Durant certaines périodes, comme celle que nous vivons actuellement, miser sur les petites entreprises pourrait s’avérer particulièrement intéressant.
Gardez le contact
Joignez-vous à notre communauté en ligne et recevez un tour d’horizon mensuel de nos nouveaux billets de blogue, commentaires, balados, de notre couverture médiatique et plus encore.