Financial Post: FP Answers
En quoi consistent les stratégies d’investissement en arbitrage sur fusion et sont-elles avantageuses fiscalement?
Tel que publié dans le Financial Post : FP Answers, le 23 juin 2023
Q : Je suis un investisseur amateur et j’aime faire des placements à long terme et des opérations dans un petit panier d’actions. J’ai lu sur les stratégies d’investissement en arbitrage sur fusion et j’ai quelques questions à vous poser. Qu’est-ce que c’est au juste? Comment contribuent-elles à l’efficience fiscale du portefeuille? Existe-t-il des stratégies d’arbitrage sur fusion simples offertes aux investisseurs ordinaires? Si oui, quand devrait-on y avoir recours et de quelle façon peuvent-elles améliorer les rendements? — Merci, Dino
Réponses du FP : Dino, l’arbitrage sur fusion n’est pas une stratégie nouvelle, mais, jusqu’à tout récemment, seul un groupe restreint d’investisseurs accrédités, comme les fonds de retraite et des individus très fortunés, y avait accès. Cela a changé en 2019, lorsque des modifications réglementaires ont permis aux investisseurs individuels, comme vous, de participer à ce qu’on appelle des « fonds alternatifs » ou encore « alternatifs liquides », dont certains utilisent des stratégies d’arbitrage sur fusion.
L’ajout de ce type de stratégie à un portefeuille de placement comporte plusieurs avantages, dont la possibilité d’obtenir dans divers environnements économiques des rendements positifs, constants, fiscalement avantageux et faiblement corrélés à d’autres actifs traditionnels comme les actions ou les obligations.
Par exemple, en 2022, une année que la plupart des investisseurs préféreraient oublier en raison des fortes pertes enregistrées tant par les actions que les obligations, les stratégies alternatives comme l’arbitrage sur fusion ont réalisé des rendements positifs. Ces stratégies sont bien placées pour tirer parti d’un marché sous stress et de la dislocation des valeurs. Malgré les vertus de ces mandats, plusieurs investisseurs ne saisissent pas tout à fait en quoi consistent les stratégies d’arbitrage sur fusion ou les trouvent intimidantes.
Dit simplement, l’arbitrage est une stratégie d’investissement événementiel qui tire profit de la différence de prix du même actif sur différents marchés.
Voici une analogie qui vous aidera à comprendre. En juin, vous commandez chez un grossiste un cageot de 100 citrons roses au coût de 100 $ qui vous sera livré en juillet. Vous misez sur le fait que la demande en citrons roses devrait bientôt augmenter parce qu’on annonce plusieurs concerts extérieurs en juillet. Le temps se réchauffe et les consommateurs veulent plus de limonade rose rafraîchissante. Vous contactez un marchand de limonade local et vous vendez vos citrons roses 120 $. Vous avez acheté à 100 $, vendu à 120 $ et gardé « l’écart » ou la différence de 20 $.
Dans le milieu de la finance, l’arbitrage sur fusion est aussi une stratégie événementielle. Le but est de récolter la différence affichée par le prix de l’action d’une entreprise entre le moment où l’entente de fusion est annoncée et celui où elle est conclue. Quand une fusion ou une acquisition est annoncée, l’avis d’intention doit comporter la date prévue pour la conclusion et mentionner le prix de l’offre. Comme le prix de l’offre est généralement supérieur au cours actuel de l’action, nous appelons cela une « prime d’acquisition ».
Cette prime sert à inciter les actionnaires à accepter l’offre. Cette dernière est parfois rejetée par les actionnaires, et occasionne parfois le dépôt d’une nouvelle offre plus élevée. Ordinairement, le prix de l’action de l’entreprise cible s’élève vers le prix de l’offre, mais sans l’atteindre. Cette différence entre le nouveau prix de l’action et le prix de l’offre est appelée écart d’arbitrage. Une fois l’entente conclue, les actionnaires encaissent le prix de l’offre et cet écart se referme.
L’investisseur qui estime que l’entente a de bonnes chances d’être conclue peut acheter des actions de l’entreprise cible à un prix légèrement inférieur et les revendre plus tard, une fois l’entente finalisée, à leur pleine valeur et ainsi réaliser un profit. Quand ce processus se répète dans plusieurs fusions-acquisitions, même les petits profits finissent par s’additionner en un rendement appréciable.
Les stratégies d’arbitrage sur fusion comportent plusieurs avantages non négligeables. Premièrement, elles sont neutres par rapport au marché. Contrairement aux fonds communs indiciels et aux fonds négociés en bourse (FNB), le but des stratégies d’arbitrage sur fusion est de produire des rendements positifs, peu importe les conditions du marché. Elles ne chancellent pas, que les taux d’intérêt montent ou baissent, que l’inflation soit haute ou faible, que les tensions géopolitiques soient extrêmes ou minimes.
Elles protègent aussi le portefeuille contre une volatilité excessive. En raison de leur faible corrélation aux marchés des actions et des obligations, c’est un excellent instrument de diversification capable de neutraliser la volatilité du portefeuille. Les stratégies d’arbitrage sur fusion sont conçues pour protéger le portefeuille et pour régulariser sa performance. Chaque entente d’arbitrage sur fusion est idiosyncrasique et faiblement corrélée aux autres ententes.
Qui plus est, un grand nombre d’ententes sur fusion se concluent rapidement, ordinairement en trois à cinq mois après leur annonce. Grâce à cette courte durée, le capital tiré des ententes conclues peut être rapidement redéployé dans de nouveaux accords.
Elles sont aussi fiscalement efficientes. Parce que les rendements sont imposés à titre de gains en capital, et non pas de revenus, les stratégies d’arbitrage sur fusion sont avantageuses au plan fiscal, car les investisseurs conservent une plus grande part de leurs gains comparativement à un investissement dans des titres à revenu fixe.
Finalement, plus les taux d’intérêt montent, plus le rendement potentiel s’accroît. Par exemple, les investisseurs en arbitrage demandent une prime de risque supérieure au taux sans risque des obligations de l’État. Cette stratégie s’est avérée être une couverture efficace quand les taux d’intérêt montent, sans compter que son rendement potentiel augmente de concert avec ceux-ci.
Les stratégies alternatives liquides d’arbitrage sur fusion sont accessibles à l’investisseur individuel au même titre que les fonds communs. On peut envisager ces stratégies comme un complément fiscalement avantageux aux placements dans les titres à revenu fixe du portefeuille. Idéalement, un investisseur devrait avoir recours aux services d’un conseiller ou d’un gestionnaire en portefeuille qui a une expertise avérée en fusion-acquisition.
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