IA : À la nouvelle frontière d’une croissance exponentielle

Avril 13, 2023
Rédigé par Felix Narhi
IA : À la nouvelle frontière d’une croissance exponentielle

« La plus grande faiblesse de l’espèce humaine vient de son incapacité à comprendre la fonction exponentielle. » – Allen Bartlett

Selon une vieille légende, le jeu d’échecs aurait été inventé autour du 6e siècle apr. J.-C. par le Grand Vizir Sissa Ben Dahir qui en fit cadeau au roi indien Shirham. Celui-ci aurait été tellement enchanté par le jeu qu’il décida de remettre au Grand Vizir la récompense de son choix. Dans la limite du raisonnable, évidemment. Le Grand Vizir lui fit une demande étonnamment humble : « Juste un grain de riz sur la première case de l’échiquier. Ensuite, mettez-en deux sur la deuxième, quatre sur la suivante, puis huit, et doublez le nombre de grains sur chaque case successive jusqu’à la 64e. »

Le roi Shirham en fut sidéré. De prime abord, cela n’avait aucun sens. Pourquoi cet inventeur si génial demandait-il pour son jeu si merveilleux une récompense aussi modeste? Quoiqu’il en fût, il accepta sur-le-champ. Il ordonna à son trésorier de verser la somme convenue. Sur la première moitié de l’échiquier, la multiplication des grains donna un résultat plutôt quelconque. Au début, l’inventeur reçut des cuillérées de riz. Puis des bols. Puis des barils. À la fin de la première moitié, il avait accumulé de quoi semer un vaste champ de riz, soit environ 4 milliards de grains. C’est alors que le roi commença à s’inquiéter. Avec raison, car dans la seconde moitié du jeu, sa situation s’aggrava rapidement.

Selon une version de l’histoire, le roi fut acculé à la ruine, car ces 63 redoublements finirent par totaliser 18 trillions (ou 18 millions de billions!) de grains de riz. À dix grains de riz par pouce carré, il aurait fallu pour les semer tout un champ deux fois plus grand que la surface entière de la Terre, y compris les océans. Une autre version de l’histoire prétend que l’inventeur perdit la tête en guise de punition pour avoir formulé une demande aussi déraisonnable!

Cette histoire nous donne une importante leçon : les gens ne sont pas doués pour se représenter ce qu’est la croissance exponentielle. Dans un premier temps, la croissance exponentielle donne une illusion d’inertie qui n’a rien de remarquable. Puis, soudain, sans qu’on s’y attende le moindrement, c’est le tsunami qui submerge tout et tous.  En réalité, croître à une vitesse exponentielle est impossible à soutenir longtemps. Il n’y a pas assez de riz dans le monde pour que l’on puisse faire un paiement aussi énorme fondé sur une croissance accélérée! Mais ces contraintes ne s’appliquent pas à l’univers numérique.

De nos jours, les ordinateurs et plusieurs autres technologies sont exponentiels, mais les humains ne le sont pas. Et cela entraîne de nombreux problèmes. Les humains ne peuvent pas prévoir les conséquences de la croissance exponentielle ni faire face à celles-ci. Nous sommes constamment surpris par sa rapidité. Une version plus récente de la légende du jeu d’échecs est la loi de Moore. Gordon Moore, récemment décédé à l’âge vénérable de 94 ans, était un pionnier de l’industrie des semi-conducteurs, le co-fondateur d’Intel et celui qui a été à l’origine de ce qu’on a appelé la loi de Moore. En 1965, il a prédit que la puissance des ordinateurs doublerait chaque année. (Il a plus tard corrigé en disant que ce serait aux deux ans.) « Il est certes agréable d’être au bon endroit au bon moment, a-t-il déclaré lors d’un interview en 2005. J’ai eu la chance inouïe de faire partie de l’industrie des semi-conducteurs alors qu’elle en était à ses balbutiements… depuis l’époque où nous étions incapables de fabriquer un seul transistor en silicone à celle où nous en installons 1,7 milliard sur une puce. »

En matière de technologie, le futurologue Ray Kurzweil s’est servi de l’image de la seconde moitié de l’échiquier pour renvoyer au point où la croissance exponentielle d’un facteur donné commence à produire un effet économique significatif sur l’ensemble de la stratégie d’affaires d’une organisation. Nous sommes aujourd’hui au cœur d’une nouvelle révolution technologique basée sur l’intelligence artificielle. Depuis plusieurs années déjà, les changements qui s’opèrent en intelligence artificielle sont exponentiels. Mais ce n’est que maintenant, à cause de l’engouement suscité par ChatGPT, capable d’écrire comme un humain des textes et des codes informatiques, que l’IA préoccupe le public. Les gens s’aperçoivent qu’il est réellement possible que ces développements marquent « l’arrivée sur la seconde moitié de l’échiquier ». 

Le cofondateur de Microsoft, Bill Gates, a déclaré que le GPT d’Open AI est l’avancée technologique la plus révolutionnaire depuis l’avènement du microprocesseur, de l’ordinateur personnel, du téléphone mobile et de l’Internet. Il prédit qu’en raison de l’accélération de l’innovation, nous allons bientôt penser à l’époque d’avant l’IA comme certains d’entre nous se souviennent du curseur clignotant vert et de l’obligation de taper C : > avant de travailler sur un ordinateur.

Cela ne signifie pas que les innovations en matière d’IA ne vont pas trébucher de temps en temps ou, comme le dit Gates « faire des erreurs factuelles ou être victimes d’hallucinations ». Cette technologie va néanmoins transformer les individus, les affaires et l’ensemble de la société. Actuellement, les outils de l’IA sont conçus pour accomplir un nombre limité de tâches précises. Dans le futur, l’intelligence générale artificielle (IGA) aura le potentiel de maîtriser n’importe quelle tâche ou n’importe quel sujet. Sur le plan pratique, ce sera comme avoir le meilleur adjoint personnel, ou comme les appelle Microsoft, un co-pilote ou un assistant personnel pour écrire nos courriels, gérer notre boîte de réception, etc.

Ce qui nous amène à parler d’investissement. De quelle façon l’IA, et éventuellement l’IAG, transformera-t-elle les entreprises, petites et grandes? Allez savoir! Mais comme Kurzweil lui-même le déclare : « Je me rends compte que la plupart des inventions échouent non pas parce que le service de R&D n’arrive pas à les faire fonctionner, mais parce que ce n’est pas le bon moment — parce que les facteurs facilitants ne sont pas tous là quand il le faudrait. Inventer, c’est comme pour le surf, il faut savoir anticiper et prendre la vague au bon moment. » L’IA a connu nombre de faux départs pendant le cycle de battage médiatique des dernières décennies, mais il semble que plusieurs des facteurs facilitants l’IA sont désormais présents, ce qui devrait entraîner une boucle de rétroaction positive.

Nous verrons sans doute l’efficacité et la productivité s’améliorer à mesure que les entreprises utiliseront l’IA dans des domaines tels que la vente, le service à la clientèle, la fabrication, les finances et l’administration. Plusieurs de ces nouvelles applications commerciales de l’IA pourraient être employées à des fonctions pour la plupart invisibles au public. Elles n’appartiendront pas à la catégorie des prouesses éclatantes qui s’attirent l’attention des médias et la fascination du public. Il s’agira plus probablement d’une amélioration graduelle de la productivité. Nombre des entreprises qui figurent dans notre portefeuille ont déjà recours à l’IA pour accroître leur efficacité et optimiser leur productivité.

Le déploiement de sommes importantes en investissement et en ressources accélérera assurément le développement de l’IA. En tant qu’humains, nous avons bien du mal à comprendre les effets potentiels du changement exponentiel.  Quand on considère l’accélération et l’adoption de l’apprentissage automatique, l’évolution fulgurante en matière d’innovation et la magnitude du changement, bien malin qui peut prédire ce qui nous attend sur l’autre moitié de l’échiquier. Où irons-nous ensuite — et à quelle vitesse? Au cours de la prochaine décennie, l’IA pourrait bien reprendre à son compte le titre du meilleur long métrage de la dernière soirée des Oscars — Tout, partout et tout à la fois. Quelle époque, quand même!

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