Morgan Housel : comment prendre des décisions financières plus judicieuses
« L’investissement n’est pas l’étude de la finance, mais bien l’étude du comportement humain avec l’argent. »
Parmi les livres qui seront adaptés pour le grand écran, combien d’entre eux sont des ouvrages sur la finance? Disons que leur nombre est limité, mais celui de Morgan Housel, intitulé La psychologie de l’argent, fait partie du lot. Dans le cadre de ce premier livre, M. Housel, associé d’une entreprise de capital-risque appelée The Collaborative Fund, explore la façon dont les décisions et comportements financiers sont influencés par la psychologie. Il entend publier en novembre un deuxième livre, celui-ci intitulé Same as Ever : A Guide to What Never Changes (Comme toujours : un guide sur ce qui ne change jamais). M. Housel figurait parmi les conférenciers d’honneur du forum annuel de Burgundy qui a eu lieu à Toronto en mai dernier. Voici quelques faits saillants de sa présentation :
En 2008, à ses débuts en tant qu’écrivain, M. Housel observait tout ce qui se passait autour de lui, particulièrement la bulle immobilière aux É.-U., son éclatement subséquent et dans son sillage, la grande crise financière. Ce fut l’occasion pour lui d’une prise de conscience importante : il est impossible de donner un sens à ces événements à l’aide d’une optique strictement financière ou économique. Ces dénouements, selon ses conclusions, ne pouvaient être compris que replacés dans un contexte psychologique, sociologique, historique et biologique.
« L’avarice et la peur sont du ressort de la psychologie; réussir aussi bien que le voisin relève de la sociologie. » Ce constat a mené M. Housel à conclure : « L’investissement n’est pas l’étude de la finance, mais bien l’étude du comportement humain avec l’argent. » Pour bien comprendre ce qui se passe dans l’économie et envisager l’avenir, il est impératif de considérer la finance à travers une lunette beaucoup plus grande afin d’en arriver à un portrait plus véridique.
Comment prendre des décisions plus judicieuses : qui a gagné la course de bateaux en 1968?
M. Housel s’est servi de l’histoire d’une fameuse course de yachts qui a eu lieu en 1968 pour illustrer son propos. Cette année-là, le Sunday Times a organisé une course de bateaux pour susciter l’intérêt et produire un battage médiatique. La première personne à naviguer en solo autour du monde gagnerait 5 000 livres. Douze marins sont entrés dans la course; 1 seul l’a terminée.
Donald Crowhurst était un homme d’affaires britannique et un marin amateur. Pour lui, cette course représentait une dernière chance d’accomplir quelque chose de notable. Il n’était pas particulièrement bon marin. Le bateau qu’il avait construit s’est rendu jusqu’à la côte africaine avant de commencer à présenter des fuites. Il savait qu’il n’allait pas réussir s’il continuait. Or, il ne pouvait imaginer rebrousser chemin et revenir bredouille à la maison. Il a plutôt choisi de se rendre dans le milieu de l’océan Atlantique et de se laisser aller à la dérive pendant six mois tout en envoyant de fausses communications radio. Son plan consistait à perdre suffisamment de temps pour qu’il soit crédible qu’il eût bel et bien navigué autour du monde avant de reprendre le chemin de l’Angleterre et de réclamer son prix. Seulement, à un certain moment, il a compris qu’à la lumière de l’intense couverture médiatique et du nombre affolant de personnes intéressées par son journal de bord factice, sa ruse n’allait pas réussir. Rendu malade en raison de l’isolement, il indique dans les dernières notes de son journal qu’il ne voit aucune raison de poursuivre cette charade. Il écrit trois fois « C’est fini » et il éteint sa radio. On ne l’a plus jamais vu.
Bernard Moitessier a également participé à cette course. Après six mois, il était en bonne posture pour gagner. Il adorait être en mer; la commercialisation du sport et la perspective des défilés et de l’attention médiatique lui déplaisaient énormément. « Retourner en Europe et dans la fosse aux serpents ne me tente guère », écrivait-il dans son journal. Il intercepte alors un bateau de pêche et demande à ses occupants de bien vouloir remettre une note à l’éditeur du journal : « Je poursuis ma route jusqu’aux îles du Pacifique. » Moitessier débarque ainsi à Tahiti, où il se construit une maison sur la plage, fait pousser son propre manger, épouse une femme de là-bas et vit paisiblement jusqu’à la fin de ses jours.
Points à retenir :
- Crowhurst a vécu sa vie à la recherche de l’approbation des autres.
- L’objectif de Moitessier consistait à rechercher son propre bonheur.
« Faites-vous de l’argent pour avoir l’admiration et les louanges d’autres personnes? Votre carte de points dépend-elle d’un système de classement externe ou interne? Tant de personnes vivent leur vie à la façon Crowhurst, précise M. Housel.
J’ai soupé avec un conseiller financier un soir, poursuit-il. Il m’a dit avoir présenté à son client le rendement du fonds par rapport à celui de l’indice S&P 500. Le client lui a dit : “C’est bon, arrêtez. Est-ce que j’ai assez d’argent pour voyager en Europe l’année prochaine? C’est ça mon indice de référence.“
Selon moi, c’est une sage philosophie. Utilisez-vous votre argent pour attirer l’attention des autres ou pour servir vos propres fins? »
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