Je ne compte plus le nombre de candidats à un poste clamant qu’ils sont des « apprenants à vie ». Je leur tire mon chapeau. J’attends encore de rencontrer quelqu’un se vantant d’être doué pour désapprendre. J’en serais ravi, car je crois que désapprendre est aussi essentiel que tout autre talent pour la croissance personnelle et — dans mon monde — pour la réussite en investissement. Pour paraphraser l’auteur et futurologue Alvin Toffler : « L’illettré du 21e siècle ne sera pas celui qui ne sait pas lire. Ce sera celui qui ne sait pas apprendre, désapprendre et réapprendre. » Ou, comme l’a dit RuPaul : « Le but ultime, c’est […] d’utiliser toutes les couleurs de la boîte de crayons. »
Si vous n’êtes pas prêt à repenser, à réviser, et parfois à rejeter ce que vous croyez être vrai, vous n’employez que la moitié des couleurs — et pas nécessairement les plus éclatantes. Les avancées technologiques rapides, comme l’apprentissage automatique et l’IA, sont les grands moteurs d’une révolution qui touchera l’humanité dans sa façon de vivre, de travailler, d’investir et de croître. Le mode de pensée qui nous a conduits jusqu’ici ne sera pas le même que celui qui nous conduira là — à franchir le prochain pas de géant pour l’humanité. Les grands visionnaires, comme Satya Nadella, PDG de Microsoft, sont des maîtres du désapprentissage.
Nadella a pris les commandes de Microsoft en 2014. Il s’est immédiatement rendu compte que l’entreprise devait changer d’approche. Il souhaitait que Microsoft « désapprenne » sa volonté de dominer le marché avec ses produits et « réapprenne » à concentrer ses efforts sur la création de produits et de services qui optimiseraient la performance des employés et de l’organisation en passant par le nuage informatique et l’IA. À cette fin, Nadella demandait aux employés de désapprendre leur peur de l’échec et de réapprendre l’agilité, la curiosité et l’innovation. Malgré la vitesse folle à laquelle la technologie a changé, Microsoft est demeurée un chef de file de l’industrie et l’une des sociétés les plus importantes du monde avec sa valeur actuelle sur le marché de 2,2 billions $ US. Les meilleures entreprises apprennent — et désapprennent — très vite, afin de rester agiles et de s’adapter aux circonstances changeantes.
Développer l’art de désapprendre est un puissant antidote au biais de confirmation — une tendance persistante à n’accorder notre attention et notre approbation qu’aux informations qui confirment nos croyances et nos idées. Le biais de confirmation est avantageux sur le plan de l’évolution en tant qu’instrument heuristique nous permettant de modifier notre représentation du monde. Si tout le monde s’entend sur le fait que le « rouge-gorge chante », nous ne perdons pas notre temps et notre énergie à revalider constamment la chose. En effet, chaque fois que nous l’entendons chanter, cela confirme cette réalité. En revanche, le biais de confirmation devient nuisible quand il nous empêche de reconnaître qu’il est nécessaire de creuser plus profondément avant de tirer une conclusion. Rester accrochés à nos apprentissages passés peut imposer des limites à notre façon de penser et nous conduire à prendre de mauvaises décisions. Désapprendre peut venir à la rescousse.
Mais comment apprendre à désapprendre? La simple curiosité nous aidera à faire un bon bout de chemin. Au lieu de se hâter à donner des réponses, on devrait prendre au moins autant de temps à poser des questions cruciales. Comme le dit Shunryu Suzuki, maître zen et auteur : « L’esprit du débutant contient beaucoup de possibilités, mais celui de l’expert en contient peu. »
Être humble est tout aussi important. Souvent, les investisseurs qui ont autrefois connu le succès ont une trop haute opinion d’eux-mêmes et oublient d’accorder du crédit à ce qui le mérite. Howard Marks, cofondateur d’Oaktree Capital, donne l’exemple de celui qui traverse un aéroport sur un tapis roulant et qui s’imagine marcher vite alors qu’en fait, sa rapidité est due en partie à la machine! De même, les investisseurs qui ont accompli des prouesses à l’époque où les taux d’intérêt n’avaient jamais été aussi bas et le prix des actifs de plusieurs titres en croissance montait en flèche se demandent sans doute où est passée leur perspicacité maintenant que l’inflation fait des ravages.
Pour les investisseurs, désapprendre exige d’eux qu’ils se sentent à l’aise de ne plus être à l’aise. Cela demande d’être plus conscient de l’environnement général, des cycles économiques, du fait que le monde est une machine compliquée aux multiples rouages et que la curiosité est une devise plus précieuse que la certitude.
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